Franco provençal
Les révoltes du XIVe siècle ont été un thème finalement peu présent dans les 25 dernières années de l’historiographie française.1 Les livres de synthèse et les manuels récents font une place brève aux révoltes et développent les principales, c’est-à-dire les Jacques et la révolte d’Etienne Marcel, et le cycle des années 1378-82, essentiellement la Harelle, les Tuchins et les Maillotins. Cette orientation tient pour une part à l’éclairage induit par deux ouvrages majeurs, anciens, écrits dans la vingtaine d’années qui encadrent 1900, celui de Siméon Luce sur la jacquerie2 et celui de Léon Mirot sur les insurrections urbaines au début du règne de Charles VI3. Et à l’attention particulière portée, comme il est classique en France, aux révoltes parisiennes. Il y a encore peu de temps on avait l’impression que «tout était dit». Pourtant la thèse de Vincent Challet4 consacrée aux Tuchins et encore inédite et les découvertes récentes de Ghislain Brunel montrent justement que tout n’est pas dit et que l’historiographie française n’est pas morte à ce sujet. En outre, alors que se préparait ce colloque, était sous presse l’ouvrage central de Samuel Cohn5, Lust for liberty.
1 Un contre-exemple, le livre d’A. Stella, La révolte des Ciompi, Les hommes, les lieux, le travail, EHESS, Paris 1993; ce n’est pas vraiment un contre-exemple puisque auteur et sujet sont italiens, mais le livre a soulevé un intérêt certain parmi les historiens français. Le volume du congrès du CTHS Violence et contestation, 114e congrès des sociétés savantes, Paris 1989, fait aussi partie des rares ouvrages récents consacrés en France à ce thème. 2 S. Luce, Histoire de la jacquerie, 2eme édition, Paris 1894. 3 L. Mirot, Les insurrections urbaines au début du règne de Charles VI (1380-1383), Paris 1905, reed. Champion 1974. 4 V. Challet, Mundare et auferre malas erbas: la révolte des