Coremas
Sens d'une recherche
Roger Brunet
(avec l'aimable autorisation de la Société de géographie de Liège; conférence prononcée le 24 novembre 1999 et publiée dans le Bulletin de la Société de Géographie de Liège, 2000, n°2, p. 21-30).
Résumé
Les idées de modèles et de modélisation ont fait une entrée remarquée en géographie au cours des années 1960; elles ont évolué depuis, sous l'effet de la pratique et de critiques en partie justifiées. Aucune recherche sérieuse ne peut se passer d'un effort de modélisation en vue de parvenir à l'essentiel et d'évaluer les écarts entre les objets géographiques singuliers et les modèles qui aident à leur interprétation. C'est à une double condition, et dans deux directions qui méritent d'être mieux définies et explorées: que les modèles prennent sens dans et par les pratiques, objectifs et intentions des actions humaines; que l'on sache se servir de modèles, éprouvés ou nouveaux, pour comprendre la structure et la dynamique des objets géographiques singuliers et non seulement pour en induire des mécanismes généraux, dont ces analyses permettront d'ailleurs d'autant mieux de comprendre la nature et la portée.
Mots-clés: épistémologie, figure, forme, logique, modèle, modélisation, structure, système, résidu
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La Société de géographie de Liège me fait l'honneur de me demander quelques propos sur les modèles en géographie. Pourtant, l'on pourrait croire le sujet épuisé, tellement il en fut parlé voici déjà bientôt trente ans. Pourquoi y revenir à présent? C'est peut-être qu'aujourd'hui, d'une part, il semble de bon ton de les contester; et que, d'autre part, il n'est pas impossible d'envisager que l'on en parle différemment.
Selon des représentations assez répandues, une grande époque de «modélisation», volontiers qualifiée de scientiste par ceux qui ne l'ont pas bien comprise, s'est manifestée dans les années 1960 et 1970; à présent la vague postmoderniste